En quelques mots

Je connaissais Francis Pornon romancier et poète, je le découvre nouvelliste. Pour un premier recueil de nouvelles, c’est un coup de maître ! Ce genre, qui exige de mettre juste ce qu’il faut sur la page, semble ne plus avoir de secrets pour lui. En lisant ce livre on ne s’ennuie jamais, et l’on rentre impatiemment dans chaque nouvelle histoire. J’apprécie tout particulièrement sa façon de décrire les gens, les paysages, le ciel, les arbres, les objets, toujours en quelques mots précis mais à forte tonalité poétique. Cela a vraiment été un grand plaisir pour moi de lire ce recueil, soir après soir, une à deux nouvelles à la fois, de passer d’une histoire à l’autre, dans ce qui semble être le récit d’expériences plus vécues qu’inventées (mais c’est là le secret de l’auteur). Expériences toutes restituées de façon concise mais en laissant le temps au lecteur de pénétrer l’intimité de personnages s’étant perdus de vue, se retrouvant, se parlant après des années de silence, se faisant l’amour après des nuits d’attente, se rendant compte qu’ils ont soudain vieilli, etc. Cela sur fond de tragédies de l’Histoire — guerres d’Espagne et d’Algérie — jamais totalement digérées mais avec lesquelles il faut bien vivre, continuer à avancer. Une grande leçon pour les jeunes d’aujourd’hui, qui croient vivre dans un monde rose ayant débuté avec internet ! Merci, donc, à Francis Pornon, pour tant d'émotions jamais gratuites. A ce titre, l'avant-dernière nouvelle (« Je m'appelle... ») est vraiment poignante. En tout cas je suis très heureux d'avoir contribué, parmi beaucoup d'autres, à la publication de cet ouvrage. Si j'osais, je dirais que j'en ai eu pour mon argent, vraiment !

Stéphane Juranics,
14 mars 2013.