Me revient l’émotion
de ma lecture à la Cave Littéraire le 24 novembre 2001. Tout d’abord, le
plaisir de partager cette soirée avec la peintre Fanny Batt, que je
connaissais depuis de nombreuses années et dont les toiles me touchent particulièrement. Et puis, bien sûr, la chaleur de l’accueil de l’équipe de la
Cave, que je connaissais également pour être venu entendre plusieurs poètes à
Villefontaine, notamment Patrick Laupin et Mohammed El Amraoui. J’ai aimé lire
mes textes sous les voûtes de ce lieu où résonne depuis trente ans déjà l’écho
de la poésie — encre sonore emplissant l’espace, tourbillonnant entre les
piliers puis se fixant sur la feuille blanche des murs. J’ai aimé, ensuite,
croiser le fer des mots improvisés avec le public dans cette vive communion d’esprits
critiques propre aux soirées de la Cave Littéraire d’où jaillissent les étincelles
d’idées toujours sensibles. J’ai aimé, enfin, ce temps de rencontre humaine un
verre à la main, ce temps d’échange des vues les yeux dans les yeux et de
partage à voix hautes des pensées les plus intimes. Oui, cette soirée fut pour
moi l’un de ces moments rares d’où l’on ressort forcément transformé. L’un de
ces moments où, par la dimension collective de son dialogue rythmique libérant
la parole, par l’universelle vibration de son chant porteur de singulières
visions du réel, par la profondeur de son discours chargé d’émotion pure et de
sens, la poésie métamorphose ceux qui la vivent seuls et ensemble. L’un de ces
moments où, de ce fait, la poésie change le monde. Un moment vécu en tout cas
comme une expérience poétique intense dans ce véritable sanctuaire des lettres
et qui, pour cela, reste gravé dans ma mémoire.
Stéphane Juranics,
Septembre 2014.
Septembre 2014.
Texte écrit à
l’occasion des 30 ans de la Cave Littéraire de
Villefontaine
et figurant dans le n°3 de la revue Les Cahiers de la Cave Littéraire
paru en mars 2016.
paru en mars 2016.