et si l’obscur
quadrillant le monde toujours l’or après la pluie sur le miroir des rues /
toujours le palet de la lune sur la marelle des nuits / et toujours l’aurore
des voix chaque lueur d’actes insurgeant l’être / cet éclat des regards
ensoleillés de sens / l’astre des mains que tremble la page / l’adjectif des
visages dans la périphrase des foules / césure le goulot d’une bouteille de
lèvres à lèvres / deux ou trois billets posés sur le zinc d’un bar pour un
rouge ou l’audience du patron / ceux qui se glissent leur urgence à l’oreille
foulées noires vers le souffle exact d’improbables enlacements / le salut
ordinaire d’une passe aux béants échos / toute blessure saignant des mots / Sandro Penna
qui jadis dans Turin sans autre perversion qu’une ardente solitude quelques pas
en arrière de gosses à la gouaille obscène lisant le revers des clopes où
s’étoilent leurs traits / ce chemin tortueux d’écrire qu’on y erre en ruptures
ou qu’on le perde on est seul / (...)
Stéphane Juranics
« Stéphane Juranics oppose, non sans un audacieux retournement dialectique, la clairvoyance du poète à la marche aveugle du monde. »
Jean-Louis Roux, 111 poètes d'aujourd'hui
en Rhône-Alpes, 2005.